Photo©BrunoCHARBONNEAU
Voler tracté ? Pourquoi pas ! Le vol libre est né ainsi, sur une rivière australienne, en 1963. Quelques années passèrent avant que l’homme ne s’affranchisse du câble et décolle de pentes et de falaises. Au fil des ans, la pratique du tracté, bien que supplantée par celle du vol « libre sans câble », s’est maintenue et diversifiée.
Aujourd’hui, on tracte delta et parapente sur terre et sur eau, par une ligne fixe, un dévidoir, un treuil ou un ULM. Plus besoin de dénivelé pour voler : le câble la crée ! La performance est là : parmi les plus longs vols jamais réalisés, les décollages tracté sont bien présents !
Le terme de « tracté » englobe toutes les techniques. Mais pour bien distinguer les différentes pratiques, au fil de ces pages, on treuillera à partir d'un treuil fixe, on tractera à partir d'un dévidoir (appelé aussi treuil mobile) sur véhicule ou bateau, on remorquera derrière un engin volant motorisé.
Un beau récit de vol départ au treuil
C'est le mercredi 19 avril 2023 que je réalise ce vol plutôt modeste (55km), mais longtemps rêvé.
On est mercredi certes, mais les conditions sont bonnes, et vu la météo annoncée pour le reste de la semaine, je m'épargne une journée de travail.
La séance est programmée depuis 2 jours au club des Cagouilles Volantes en Charente Maritime. Je surveille la météo : Un run météo annonce la direction Royan, le run suivant la dérive nous emmène plus au sud etc, jusqu'à ce que le dernier run annonce une dérive en direction de l'île d'Oléron... C'est beau de rêver, mais plusieurs s'y sont risqués, dont moi-même, et on s'est tous retrouvé posé le long de la seule route traversant les marais.
Mais allons voler. Seul bémol, le vent de Sud Est nous fera choisir le site "des pommes ". C'est une route assez courte et il y a peu de vent. Les treuillés ne nous permettent pas de monter à plus 200 ou 250m/sol.
Les premières treuillées s'enchaînent, quelques pilotes testent la masse d'air du jour. Jean-Yves, le premier pilote me donne plein d'espoir en enroulant un thermique. Je l'observe dériver...Mouais, ce n'est pas fort quand même. Puis d'autres pilotes se mettent en l'air et enchaînent les tas. Au mieux, ça zérote. Pourtant, le ciel est incroyable.
Puis vient mon tour. La treuillée n'est pas encourageante. 196M/sol. Je largue et fais demi-tour. Je me fais secouer dans une masse d'air moisie, pendant presque 10 minutes, en me forçant à ne pas abandonner, car je ne fais que zéroter, et même descendre. Je suis sûr que je vais faire un tas à 3km d'ici. Puis à 158m/sol je me jette sur une buse que je vois enrouler. La masse d'air reste un peu compliquée jusqu'à 500m/sol, puis 20 minutes plus tard, je me trouve à 1850m/sol !
J'avais complètement oublié mon idée de passer le pont de l'île, mais avec un plein pareil, je vise l'île que je distingue au loin à une trentaine de km.
J'aborde la zone des marais au-dessus de la D728. Je m'applique pour rester collé aux nuages. Et ce n'est pas très compliqué avec cette masse d'air. Mais au fil des km, les plafonds diminuent. Je passe Marennes à 800m/sol. En vrai, c'est bien, je suis sûr que c'est suffisant pour passer le pont. Mais qu'est-ce qu'on se sent bas après avoir glissé à 1 800 m. En l'air, je râle, parce que ce n'est pas le moment de poser. Je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas de thermique sous le vent de Marennes. Plus le temps passe, moins j'ai de chance de passer. Je suis à un thermique de réaliser mon rêve. Je finis par remonter à 1 300 m et suis à la verticale du pont. Pfiouuu !!! Ça passe dans une glissade super lisse. Dès que je suis au-dessus de l'île, je ne descends plus qu'à 0,5m/s. Je décide d'allonger le vol, direction la côte ouest, il y a seulement trois cumulus présents. Ça porte tellement bien que j'arrive sur la côte ouest sans rien faire. J'arrive proche des cumulus qui me font payer ces minutes de calme et de facilité. J'enroule plus ou moins au-dessus de l'océan, le vent poussant au large, passant de 460 à 890m/sol. Les thermiques sont hachés et je n'ai pas envie de faire une baignade avec le parapente. Je crabe le long de la côte en me faisant chahuter. " Il ne faut pas faire l'étonné, tu le savais bien que les thermiques allaient tous décoller au contact de l'eau ! "
L'atterrissage se fera sur la plage. C'est ici que j'apprends que les autres pilotes du club sont restés en local à cause de cette basse couche pourrie. Mais ils ne sont pas rancuniers, et viendront me récupérer à Marennes.
Un grand merci aux pilotes et treuilleurs, chauffeurs et bricoleurs présents ou non ce jour-là, sans eux il ne se passerait rien.
Guillaume Rignault
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